Les thérapies par CAR T-cells autologues ont redéfini les standards de soins dans les hémopathies malignes à cellules B en rechute ou réfractaires, offrant des taux de réponse élevés et des rémissions durables y compris chez certains patients lourdement prétraités et en impasse thérapeutique. Mais ces traitements restent contraints par des limites majeures : un processus de fabrication complexe, des délais longs et des coûts élevés.
L’approche des CAR in vivo propose de relever ces défis. Plutôt que de prélever les lymphocytes T du patient, de les modifier ex vivo puis de les réinjecter, l’approche in vivo consiste à administrer directement un vecteur ciblant les lymphocytes T circulants pour y insérer le transgène codant le récepteur chimérique. Les cellules T sont ainsi reprogrammées in situ, au sein de l’organisme, qui devient en quelque sorte son propre site de production de cellules CAR-T.
Les promesses sont majeures : un parcours patient simplifié (sans lymphodéplétion préalable), un coût potentiellement réduit grâce à un process de fabrication non individualisé, et enfin une meilleure accessibilité, avec la possibilité d’élargir l’offre de CAR-T à davantage de centres hospitaliers et de patients.
Un paysage en évolution rapide
Le développement industriel des CAR in vivo progresse à une vitesse remarquable. Depuis 2024, les premières autorisations d’essais cliniques (IND) ont été obtenues aux États-Unis, et les premiers patients ont été traités dans des essais de phase I. En 2025, pas moins de sept essais first-in-human ont démarré en hématologie et 3 acquisitions majeures de biotechs par des big pharmas ont eu lieu, témoignant de l’intérêt croissant pour cette nouvelle modalité.
Les cibles thérapeutiques choisies sont, pour l’instant, bien connues et déjà validées par les CAR-T autologues (CD19, CD20, BCMA etc.). La vraie incertitude réside plutôt dans le choix du vecteur : vecteurs viraux ou nanoparticules lipidiques, chacun avec ses avantages et ses limites. Ce champ est encore en phase exploratoire, sans consensus établi.
Les premiers résultats cliniques, publiés en juillet 2025 par une équipe chinoise sur un CAR in vivo anti-BCMA, montrent des signaux d’efficacité prometteurs, mais également des toxicités à surveiller de près. Ces données marquent une étape importante, confirmant la faisabilité du concept et ouvrant la voie à des essais plus larges dans les mois à venir.